Marcus Miller, Amandla & Tutu
Marcus Miller
Roddy Elder s’adresse à Gulgun Gunal Gulgun Gunal
- Vos photos de festival de jazz sont excellentes. Les preniez-vous à titre professionnel ?
- Sur un autre sujet, aimez-vous Amandla et Tutu ? Marcus est crédité comme étant la force motrice au point qu’ils soient ses albums et non ceux de Miles.
J’essaie de transmettre une histoire qui révélera un lien de sentiments personnels entre mes téléspectateurs. Je partage ma part de l’histoire et j’attends de mes spectateurs qu’ils construisent la leur instinctivement. Ensemble, nous complétons l’histoire.
Je les aime toutes les deux. Pour ma part, le son d’Amandla est différent de celui de Tutu. J’écoute Tutu plus souvent qu’Amandla car l’histoire de Tutu me semble plus profonde.
Voici ma réponse si j’ai bien compris :
Les deux albums sont importants par leur signification. Par exemple, le titre de l’album et la première chanson de Tutu sont dédiés au père Desmond Tutu, activiste sud-africain. Pour le Tutu, Marcus Miller a tout fait, la composition, l’arrangement, l’enregistrement des instruments, etc. On dit que c’est l’album de Miles Davis où il a fourni le moins d’efforts.
En fait, dans cet album est aussi très important Jason Miles dans les synthétiseurs. ‘un autre côté, le plus grand présent de Miles Davis pour nous est Marcus Miller. Si l’on va encore plus loin, c’est bien sûr le présent que nous a fait son père. Très bien expliqué à ce propos, sur la vidéo.

C’est un grand musicien et un homme artistique queje ne peux m’empêcher à admirer pour la production et la réalisation de musique ainsi que comme musicien. Il a une grande part de responsabilité dans le fait de faire de la guitare basse un instrument solo et pas seulement un instrument rythmique. La guitare basse, qui est une grande partie de la mission rythmique, est désinjectée et transformée en un instrument solo. Marcus Miller tire profit du groove unique du funk pour réaliser une autre performance forte en utilisant la technique du pre-slap, et la remplace par l’infrastructure fondamentale du jazz moderne avec sa capacité d’arrangement respectueuse.

Le résultat : Un genre énorme que les instrumentistes et les auditeurs peuvent s’approprier.
Une autre caractéristique que je trouve chez Miller est son humilité ! Dans les interviews qu’il donne, il fait constamment référence à d’autres maîtres ; Louis Johnson, Mark Adams ou Victor Wooten. Marcus Miller n’en est pas moins talentueux pour autant.

Marcus Miller l’a aussi fait ;
“Alors que je travaillais à la composition de Gorée”, écrit Miller sur son site, “j’ai été frappé par l’idée que” la porte du non-retour “représentait non seulement la fin de l’expérience culturelle, mais d’une certaine manière cette porte embellissait aussi le début de notre expérience américaine”. Ce souvenir tragique a été quelque peu apaisé par la musique qui en est issue et qui veut transmettre un message “d’espoir et de résistance”.
Pour composer et enregistrer cet album, Marcus Miller est parti à la recherche des rythmes qui ont construit le patrimoine musical du jazz, puis, avec ses musiciens, il est allé au Maroc et au Nigeria, à Paris et à Sao Paulo, des Caraïbes à la Louisiane, pour finir dans les grandes villes de Chicago, Detroit et New York…
Je veux dire, si ce n’était pas pour Miles Davis, Marcus Miller nous toucherait de toute façon !